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Suite au décès d'Yves, j'ai reçu un grand nombre d'hommage, venant des nombreuses personnes qui l'ont connu ou côtoyé via les sites webs littéraires dont il participait. Alain Bérard, *-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*- Ci-dessous une lettre de Claire heurté, sa fille. |
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Bonjour à tous, Je vous écris pour vous remercier chaleureusement pour vos très beaux textes et paroles d'amitié et de soutien qui nous sont parvenus. Maman est ensevelie sous le courrier et pas très disponible donc pour l'heure, mais je les lui lirai dès que possible. En attendant, ils m'ont fait du bien ainsi qu'à mes frères et soeurs. Certains d'entre vous ont exprimé le regret de ne pas avoir revu papa à son retour de l'hôpital et de n'avoir pu assister aux obsèques, qui ont eu lieu assez vite après son départ, d'autres de ne rien savoir de lui. Je me suis dit que j'allais donc vous écrire quelques mots, ayant passé les derniers jours de papa à ses côtés. Il a été heureux, très heureux de recevoir vos courriers que je lui ai lus le mercredi soir. Il répétait "tu diras bonjour spécial à la fourmi à 6 papattes" Je n'ai pas trop compris mais je pense que c'est l'une d'entre vous. Il avait du mal à parler, ayant probablement été victime d'un nouvel accident le lundi. Ensuite, le jeudi, une copine d' atelier d'écriture est venue le voir et lui demander de suggérer un thème pour le prochain atelier. Il a dit : "prenez le fleuve : le plus simple est le plus beau" . Ensuite il m'a exprimé sa tristesse de ne plus pouvoir lire et écrire. Je lui ai dit qu'il avait écrit de belles choses et que tout comme il avait écrit sur Sabine Sicaud, maintenant d'autres allaient peut-être écrire sur lui. Il m'a répondu : "Mes 2 derniers livres ne sont pas bons!" Ensuite, il m'a dit "adieu, ma fille" , a embrassé la femme de ménage et moi très tendrement et il n'a plus parlé. Je crois qu'il s'est laissé partir. Vers la fin, l'écriture et vous ses potes internautes étaient toute sa vie. En tout cas, il est parti paisiblement, avec cette passion de l'écriture et des contacts qui ne l'ont jamais quitté. Les obsèques ont été très émouvantes, nous avons dû limiter le nombre de lectures et de chants tant il y avait des amis qui voulaient lire. Cela a été très sobre, humain et amical. Même notre maire, qui n'est pas un homme de lettres, s'est fendu d'un hommage super beau qu'il a passé la nuit à rédiger, a-t-il dit ! Le vieux curé parkinsonien que nous avions choisi faisait tinter tous les objets de messe comme des cymbales : qu'est ce que papa a dû rigoler! Vieux curé qui le connaissait à peine, papa n'étant pas franchement un abonné à l'eucharistie, mais qui après avoir entendu un poème, s'est mis à pleurer et a eu toutes les peines à reprendre le fil. Tous l'ont accompagné à pied depuis sa maison jusqu'à l'église et les hauteurs du petit cimetiere tout en haut du village, d'où on a une superbe vue sur sa montagne préférée, le pic du Gar. On aurait entendu une mouche voler. Son seul souhait était d'être enterré là et qu'on joue à l'église le requiem de Gilles, un requiem peu connu que nous avons réussi à trouver in extremis. Les gens ont spontanément pris une rose chacun pour gravir la pente, il y en avait des centaines, et son cerceuil a été complètement enseveli sous les roses. Papa voulait une tombe en terre sans rien dessus, mais un ancien patient inconnu a offert une plaque avec un dessin de ciel et un extrait d'une chanson de Goldman "Et puisque l'horizon aujourd'hui, c'est à maison, sache qu'ici reste de toi comme une empreinte indélébile" J'ai trouvé que cela lui allait comme un gant. Ensuite, il y a eu une collation à la maison, il faisait beau, les pelouses étaient couvertes de perce-neiges en fleur. Il y avait son écureuil qu'on n'avait pas vu depuis le début de sa maladie et qui a réapparu et son vin préféré et tout le monde a bien mangé et parlé à bâtons rompus. Les vieux amis ont rencontrés les nouveaux amis, les gens se sont échangés des adresses. C'était tout sauf triste, il ne manquait que lui évidemment. Et s'il a vu tout cela, il a sûrement été content. Maintenant nous sommes très tristes, bien sûr, mais en même temps, j'ai le sentiment que papa a bien vécu. Il a tout vécu à fond, avec passion : sa jeunesse de résistant, son métier de médecin-vétérinaire-déneigeur-accoucheur-psychothérapeute (dans les villages, on connaissait alors le cumul de fonctions!), son amour pour la montagne (il nous traînait , nous ses mouflets, impitoyablement sur les chemins tous les dimanches et toutes les vacances et n'a même pas réussi à nous dégoûter de la montagne!), sa relation de chat et de chien avec maman ( ils étaient inséparables et se disputaient 364 jours sur 365, trêve de fête des mères oblige), ses 5 enfants qui lui en ont fait voir de toutes les couleurs (ça, c'est censuré!), ses coups de grogne contre les Américains qui y avaient droit au moins une fois par semaine, contre le capitalisme quand on se lassait des Américains, sa musique, ses sculptures à l'opinel et tout ce que je ne connais pas de lui et découvre peu à peu maintenant, ses amis et encore ses amis et toujours ses amis, l'écriture, son lien avec le spirituel et un possible au-delà qui reste son secret le mieux gardé (il était d'une pudeur absolue en la matière et bien malin qui savait ce qu'il pensait et ne pensait pas). Quand j'ai lu son dernier livre sur Sabine Sicaud, j'ai su qu'il allait partir et qu'il le savait et nous le confiait ainsi à demi-mot. Il refusait tous les examens médicaux qui lui étaient prescrits et n'obéissait à aucune injonction de son cardiologue. Têtu comme un Breton! Il ne pouvait pas sentir la médecine!! Il a été tellement content de quitter l'hôpital ensuite et de rentrer chez lui. Et bien sûr, il y a eu sa dernière passion, vous tous via l'internet. Grâce à vous, il a eu une vieillesse riche de rencontres, il ne s'est pas ennuyé une minute du jour et de ses longues nuits. Bien sûr, il s'est surmené, ce qui explique que maman ait eu des paroles dures avec certains d'entre vous au téléphone, mais il s'est vraiment, vraiment éclaté. Pour cela, je vous remercie. Souhaitons lui un beau voyage. Pour ma part, je vous dis tout simplement "bonne continuation". Amicalement, Claire |
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Sans idée de hierarchie, quelques liens vers des sites: Une page sur le site Francopolis Des messages et des réaction sur le forum du site web francopolis Hommage à Yves Heurté, accordeur d'étoiles et de coccinelles Hommage d'Alain Korkos à Yves Heurté Hommage de Nicole Pottier sur le agoniat.net |
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Sans idée de hierarchie, quelques messages reçus:
Yves Heurté (« Qui ne dérange rien ni personne, ne libère rien ni personne. ») C’est le dimanche 19 février 2006 qu’Yves Heurté a quitté ce monde dans sa 80° année. Lui qui n’aimait ni les louanges ni les hommages, il n’aurait guère aimé cette brève évocation qu’il nous paraît pourtant si important d’écrire. D’une insatiable curiosité, Yves avait abordé avec bonheur presque tous les genres littéraires. Son œuvre, riche d’une cinquantaine de titres, se compose entre autres de romans, de contes, de pièces de théâtre et de recueils de poèmes. Même si certains de ses livres ont paru chez des éditeurs renommés (Gallimard, Seuil, Magnard, Milan,…), il savait demeurer fidèle à de modestes enseignes et surtout à son éditeur favori : Rougerie. Depuis quelques années, Yves Heurté publiait aussi avec succès des récits auto-biographiques. S’il ne fallait retenir qu’un seul mot pour qualifier son œuvre, ce serait celui de résistance : résistance à la vulgarité et à la barbarie, résistance aux habitudes et aux conformismes. Rappelons ici qu’Yves Heurté a été l’un des premiers écrivains à avoir compris l’importance de l’informatique dès ses premiers balbutiements. Très vite, il en avait mesuré les limites et compris les dangers. En effet, dès 1995, il avait déjà une adresse électronique et un site en construction. Par la suite, il sut utiliser avec talent ce phénoménal outil que ce soit pour des écritures en ligne ou pour des échanges avec des lecteurs et des auteurs des quatre coins de la planète. Cela ne l’empêchait pas, bien au contraire de poursuivre l’édition classique sur support papier qui était, selon lui, un irremplaçable vecteur littéraire. Pendant près de 40 ans, il a exercé sa profession de médecin dans un village du Comminges, au pied de ces Pyrénées qu’il aimait tant. Grand marcheur et alpiniste chevronné, il avait gravi les pentes des plus hauts massifs de la planète, des Andes à l’Himalaya. C’était pour lui une façon complémentaire d’aller au-devant des autres, de les comprendre, de les aider et de les aimer. Cette générosité et ce dévouement toujours en éveil sont à la base de l’œuvre poétique d’Yves Heurté qui ne peut être comprise et appréciée que par une vision globale du monde. Le dernier livre paru de son vivant était un exigeant roman d’aventures destiné aux adolescents. Il était sorti en mars 2005 chez Gallimard-Jeunesse et son titre était : « Le forban magnifique ». La page de présentation de l’auteur se terminait par cette apostrophe : « Merci donc, capitaine Misson, forban magnifique ! ». Il nous plaît ici de transformer cette phrase et de conclure : « Merci donc, capitaine Yves, forban magnifique ! ». ***** Où se procurer les ouvrages d’Yves Heurté ? Pour les familiers d’internet, on leur conseillera d’aller sur le site de l’auteur que des proches ont promis de maintenir actif : http://yves.heurte.free.fr. On peut aussi aller voir du côté des grandes enseignes comme amazon, chapitre, fnac,… . Pour ceux qui préfèrent les bonnes librairies, on peut demander quels sont les titres encore disponibles aux éditions Rougerie, Gallimard, Seuil, Milan… *****Lisons et relisons Yves Heurté, et surtout, ne l’oublions pas. Georges Cathalo Mars 2006 |
A Yves, notre ami de coeur et de plume. Moi et mes enfants, Alexandre et Audrey, t'adressons nos plus vifs remerciements pour ta générosité discrète (selon tes souhaits), tes soutiens, ton aide précieuse. Tu as marqué nos vies de ton empreinte, et même si nous n'avons ni ta verve, ni tes talents, sache que si ta voix chantante et chaleureuse nous manque, tu es là, présent sur nos chemins, dans nos pensées, nos dialogues et nos partages, mais surtout dans nos coeurs. Laurence de Sainte-Maréville |
"Un personnage lumineux qui n’hésitait pas à se costumer en abbé paillard pour débiter un discours truffé de jeux de mots laids"... écrit Alain Korkos. Oui, comment dire mieux ? J'étais là ce soir là, et Yves était très drôle, et d'une gentillesse pleine d'attention et de respect et de simplicité. Il m'avait invité à passer le voir l'année dernière encore, alors que je devais me rendre en Espagne, mais les circonstances on fait que j'ai du changer mes plans, et renoncer à la joie que je me faisais de le revoir. Je suis très ému par sa mort. Le mot "humanisme" est décrié aujourd'hui, mais Yves savait, tout simplement, aimer la vie et la vie en chacun. Et on le sentait. Et c'était bon. J'aimerais bien pouvoir recevoir encore un de tes mots pleins d'humour, cher vieux vieux. Tu as laissé une trace de toi sur mon site, et elle ressemble bien à ce que je connais de toi. ( Elle est ici: ) Je voudrais saluer sa femme, que ne se souvient sans doute pas avoir parlé avec moi, à Toulouse, de... carrelage. ( C'était entre deux verres de punch et de parlers "littéraires" ). Permettez moi de vous embrasser, madame. Michel |
(...)Je viens tout juste d'apprendre le décès de Monsieur Yves Heurté et j'en suis très attristé. Je garde le souvenir d'un homme généreux et passionné non seulement par l'écriture, mais aussi pour les relations humaines. Lorsque je lui ai proposé de publier son Journal de nuit, il n'a pas hésité à me faire confiance et je lui en suis vraiment reconnaissant. Quelle fierté pour un jeune professionnel de l'édition de publier un texte de Yves Heurté ! Et quel texte ! On n'y trouve des sentiments vrais et des mots toujours justes et forts. C'est toujours un réel plaisir de le lire, plaisir renouvelé avec L'Homme qui marchait et Vous, gens de montagne que j'ai eu la chance de lire bien avant qu'il ne soit édité... C'est une belle rencontre professionnelle dont le souvenir reste bien vivant... J'adresse à sa famille mes plus sincères condoléances (...) Monsieur Hervé Chirault Responsable de collection Editions Alan Sutton |
(...) j'ai reçu cette si triste nouvelle à mon retour de vacances . Yves me manque déjà il était si chaleureux . reste sa poésie nous n'avions que dix ans de différence et je relis " dans la gueule d'ombres" nous avons tous les deux connu la guerre(...) Hélèné |
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Nécrologie LE MONDE | 23.02.06 | Yves Heurté, homme de montagne et de plume, est mort à Cierp (Haute-Garonne), dimanche 19 février. Il était âgé de 79 ans. Né le 7 avril 1926 à Marigny (Marne), de parents bretons, Yves Heurté trouvait dans son imaginaire celte de sombres légendes sur notre monde, mais médecin de montagne - il a exercé jusqu'en 1988 dans le Comminges et en a témoigné récemment -, il a appris à parler et écrire chaud. Grand marcheur, il a parcouru l'Himalaya, le Grand Nord et le sud de l'Amérique. Membre du groupe d'artistes et d'écrivains Escalasud, Yves Heurté a abordé tous les genres : roman (Le Passage du Gitan, Gallimard, 1991 ; Les Chevaux de vent, Milan, 1995 ; Le Phare de la Vieille, Seuil, 1995 ; L'Atelier de la folie, Seuil, 1998), nouvelle, théâtre (une dizaine de pièces aux éditions Rougerie, L'Avant-Scène et Magnard) ou conte (notamment le somptueux Livre de la lézarde, illustré par Claire Forgeot, Seuil, 1998), la poésie aussi (cinq recueils chez Rougerie). Par ailleurs, Yves Heurté a été un très jeune résistant, mais il refusait, par modestie, que l'on en parle. Signalons toutefois son témoignage, Journal de nuit, journal de guerre d'un adolescent (éd. Alain Sutton, 2003). Récemment il avait livré deux textes plus autobiographiques : L'Homme qui marchait (éd. Nicolas Philippe, 2004) et Vous, gens de montagne (éd. De Borée, 2004), et s'était vu décerner le prix de poésie Joël Sadeler, organisé par l'Epi de seigle, en 2002. Article paru dans l'édition du 24.02.06 |
Article paru dans la dépéche du midi le 21 février 2006
CARNET NOIR. IL S'EST ÉTEINT DIMANCHE À CIERP OÙ IL A ÉTÉ MÉDECIN PENDANT 40 ANS. C'ÉTAIT AUSSI UN AUTEUR RECONNU.
Yves Heurté, médecin, humaniste et écrivain Yves Heurté nous a quittés dimanche 19 février 2006, dans sa quatre-vingtième année. Cet auteur reconnu fut d'abord médecin de campagne. À Cierp et dans la trentaine de communes des environs, pendant quarante ans. Certaines de ses visites, il les a faites à ski, avec l'obligation parfois de dormir chez les patients, quand la neige bloquait les routes ! On comprend qu'il ait pu affirmer : « Mon métier tire vers le social et mes thèmes, je les ai pris dans le quotidien des gens. C'est une source profonde d'inspiration. » Cette expérience, il l'a relatée à travers les beaux portraits de son livre, « Gens de montagne » (Éditions De Borée). Son premier livre fut un traité de self-défense, écrit à 18 ans, alors qu'il était objecteur de conscience (ce qui ne l'empêcha pas d'obtenir la Croix de guerre après s'être engagé dans les brancardiers…) Cet auteur-là n'avait certes rien de l'écrivain enfermé dans sa tour d'ivoire ! Il l'affirmait sans ambages : « Je suis fondamentalement un lyrique. Mais mon lyrisme est tourné vers les gens, non vers moi-même. » Un livre comme « Voccero » (Rougerie), long poème-cri d'une mère penchée sur la dépouille de son fils, démontre d'ailleurs avec force sa capacité à s'incarner en l'autre. La seconde de ses passions fut la marche. Ce Breton de pure souche, né en Champagne, grandi à Nantes, puis à Bordeaux, est allé attraper Dieu sait où le virus des sommets. Et il n'a pas cherché l'antidote. À tel point qu'il a passé son diplôme d'aspirant-guide de montagne. Avec sac à dos et porteurs, il s'embarquait pour des semaines dans de longues marches au Tibet et ailleurs. Yves Heurté était un écrivain prolixe qui a écrit dans tous les domaines : poésie, théâtre, romans, nouvelles. Et chez de multiples éditeurs, Gallimard, le Seuil, Milan, Castermann, Rougerie, etc. Après avoir publié La Ruche en feu (Gallimard), sa première pièce, La nuit, les clowns fut montée à l'Odéon. Puis il y eut La Nuque Raide, roman populiste sur les réfugiés espagnols irrédentistes du Val d'Aran, de nombreux contes, une vingtaine de pièces et de nombreux recueils de poésie. Ainsi que des livres de souvenirs, notamment sur la Résistance à Bordeaux où il vécut son adolescence. Il a également beaucoup écrit pour la jeunesse, mais aussi composé de la musique pour sa chorale de Saint-Bertrand de Comminges. Véritable humaniste, Yves Heurté était un homme aussi passionné que complet et attentif aux autres. Ses obsèques seront célébrées ce mardi à 11 heures en l'église de Cierp. |